#defi30joursecriture

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Je regarde le bel Apollon qui se tient torse-nu devant moi, dans la pénombre. Je m’approche et dessine les formes de son corps, par mes caresses, m’attardant sur son fessier. Je finis par poser mes lèvres sur les siennes avant de lui murmurer :

- J’ai tellement rêvé d’un moment pareil !

- J’ai rêvé d’une femme telle que toi sans jamais espérer en avoir une dans ma vie. Te voir là, en chair et en os me parait… Magique !

Je souris, lui mordille sensuellement la lèvre inférieure puis lui dis :

- Ce que je veux dire, c’est que mon esprit savait qu’il te rencontrerait et que tu changerais ma vie. Cela fait trois mois que nous sommes ensemble et j’ai l’impression de te connaître depuis des lustres.

- Tu veux dire que nos âmes sont connectées avant notre rencontre ? Tu crois vraiment à ce genre de choses ? me demande-t-il.

- Je crois simplement en l’amour. Et je sais qu’il est capable de tout pour réunir deux personnes seules qui ont tout à donner.

Il me renverse dans ses bras en souriant, puis c’est un baiser long et fougueux qui réunit nos lèvres. J’ai envie d’arrêter le temps. J’ai envie de graver ce moment dans ma mémoire pour que toujours, je me souvienne de cet instant. Il suffit parfois de peu de choses et peu de mots pour dire combien l’on est reconnaissant à la vie quand celle-ci nous donne une seconde chance.

Ma grand-mère disait qu’il faut savoir lire les signes. J’avoue, qu’aucun de ceux qui me sont venu en rêves ne m’ont vraiment semblé pertinents. Des rêves, j’en fais beaucoup. Mais lorsque je dis à Evan que j’ai rêvé de lui et que je savais qu’il viendrait, en fait, je veux dire que la somme de tous les signes que j’ai vus en rêve, s’est retrouvée face à moi.

Bref, je vais faire court au lieu de grands discours.

Il y a deux ans, quand Mathias, le père de mon fils, a claqué la porte de la maison en me disant que je devenais chiante depuis la naissance de notre enfant, 4 mois auparavant, j’avais vu rouge. Je m’étais retrouvée en pleurs sur le carrelage de la cuisine, me demandant ce qui n’allait pas. Comment l’homme avec lequel je rêvais d’avenir pouvait-il ainsi me tourner le dos ? Il avait tort. Je l’avais surpris avec son assistante, s’embrassant à la sortie d’un snack-bar, un vendredi à 19h. Je n’avais pas compris. Deux jours après, ils se retrouvaient dans une chambre d’hôtel, à la sortie de laquelle je fis un scandale, essayant de comprendre. Voilà, qu’après trois ans de relation sans tempête, Mathias s’en allait !

Des larmes, j’en avais versé, car, en plus de m’infliger son absence, le père de mon fils racontait à qui voulait l’entendre que j’étais devenue assommante, impossible à vivre et frigide après mon accouchement. Je ne sais pas comment cela se passe pour les autres. Le fait est qu’après mon accouchement, la seule idée de me retrouver toute nue, les jambes ouvertes pour accueillir un sexe en érection, m’effrayait autant que cela me dégoûtait. Mon attention tout entière était tournée vers mon fils. Je pensais qu’il en serait de même pour Mathias. Je me trompais.

Une année à élever et chérir mon fils, dont le père demandait des nouvelles sporadiquement. Et un soir, une forte envie de changer mon mode de vie. J’avais à nouveau envie de croire en l’avenir. Et comme Mathias et sa nouvelle compagne se moquaient ouvertement de mon poids de vache à lait, sur les réseaux sociaux, je m’inscrivis dans une salle de sport pour perdre les 27 kilos pris lors de ma grossesse.

J’en ai perdu 18 au bout de 8 mois. Aujourd’hui, je me sens mieux dans mon corps et dans ma tête. J’ai appris à avancer sans me soucier de ce que Mathias peut penser. Qu’il prenne ou non des nouvelles de notre fils, m’importe peu aujourd’hui. Ma vision des choses a changé quand j’ai compris que ma vie m’appartenait et que je me devais de la réécrire.

 

Un soir, en sortant du bureau à 20 heures, je pianotais sur mon téléphone quand un homme complètement nu, dreadlocks sur la tête et dents pourries par les caries, s’arrêta devant moi. Il me gronda vertement comme si on se connaissait. Il me lança :

- C’est quoi cette histoire ? Tu ne peux pas prendre une feuille vierge et écrire ? Tu n’es pas allée à l’école de la vie ? Tu ne sais pas qu’un cœur plus un autre cœur, ça donne un seul cœur ? Prends la feuille et écris la leçon. Il faut faire l’amour de temps en temps, ma fille ! C’est bon pour le cœur !

Le type à l’haleine pestilentielle, devait à peine avoir une vingtaine d’années. S’il m’appelait « ma fille », c’est parce que sa place était dans un asile pour fous et non dans la rue. Mais vu que tous les fous dans le pays traînent dehors, sans soins, sans suivi, ils font la pluie et le beau temps. Mais de là à me parler de ma vie sexuelle !!!

Prendre une feuille vierge pour écrire. Drôle d’idée !

Arrivée à la maison, je descendais de voiture lorsque je reçus un message de la part de ma mère. Comme à son habitude, elle m’envoyait un dessin humoristique paru dans un journal universitaire auquel elle s’est abonnée. Il était question d’une femme ministre qui se transformait en chevalier en armure pour défendre les hommes en arguant qu’ils étaient victimes des femmes et en leur prescrivant un biberon de lait, à prendre tous les matins au réveil.

Cela me fit rire. Je regardais cette caricature, me demandant où ce dessinateur allait puiser toutes ses idées.

Dans mes rêves cette nuit-là, je me vis en conversation avec un Phoenix, cet oiseau légendaire dont on dit qu’il renaît de ses cendres. Je ne me souviens pas de notre conversation. Le fait est qu’au réveil, j’eus la sensation d’avoir, au petit matin, vécu une seconde naissance. Et je me sentis tellement bien, plus légère, que se fut en chantant, que j’allai prendre ma douche.

 

Dans un rêve, deux nuits plus tard, j’entendis une voix sans la reconnaître. Cette voix était douce. La personne me caressait les cheveux comme pour faire disparaître la peine causée par ma solitude. La personne était là pour m’annoncer une bonne nouvelle : mon cœur allait de nouveau battre. Ce fut en sursaut que je me réveillai, cherchant à comprendre ce qui se passait.

J’eus trois nuits agitées, dans lesquelles mon esprit, très troublé, faisait un voyage vers d’autres contrées. Je me voyais avançant, vêtue en princesse, sur le dos d’un tigre du Bengale. Je me demandais s’il s’agissait d’un retour en enfance. Oui, souvent, les contes pour enfants regorgent de ce genre d’images, couleurs…. J’étais tellement perplexe, qu’en descendant de voiture, ce matin-là, il y a trois mois, je butais sur quelqu’un, à force de penser très fort à ce tigre du Bengale. Qu’est-ce que cet animal venait faire dans mon esprit ?

En levant la tête, l’homme que j’embrasse à l’instant, était là devant moi, près à hurler après la folle qui lui renversais du café brûlant, sur son beau costume. Pourtant, Evan se retint de hurler, se contentant de sourire en disant :

- On dirait que quelqu’un va devoir accepter mon invitation à dîner ce soir ! Vous ne pouvez pas vous défiler ! Un dîner avec moi ou la note de mon pressing. À vous de voir, belle dame !

Son sourire ! Comme une imbécile, je suis restée statique, essayant de dire quelque chose. En vain. Alors, il m’a bousculé le bras en demandant :

- Tout va bien, j’espère ? Je blaguais au sujet de la note du pressing. Par contre, je suis sérieux en ce qui concerne ce dîner ! Vendredi, 19h ! Je vous laisse ma carte.

Je pense bien que dix minutes plus tard, j’étais encore statique, regardant partir cet homme, dont le sourire, jusqu’à présent, court-circuité tous mes neurones.

 

Je pensais avoir à me battre longtemps avec mon esprit à l’idée de l’appeler, après une longue journée de travail. Je pris mon téléphone et sans même lui laisser le temps de dire « bonsoir », j’avais accepté son invitation à dîner. Un peu plus et je lui récitais mon acte de naissance et mon cv complet.

Pendant ce dîner, qui fut simple comme j’en avais rêvé, il m’invita pour une représentation du spectacle en direct sur Facebook, « Tiger World », donné dans un zoo français et dont son frère était le metteur en scène.

- Mon frère Emmanuel est dompteur de félins dans un zoo, me dit-il.

Evan est illustrateur de livres pour enfant. Il est père d’une fillette de 5 ans. Pour lui, comme pour moi, se remettre en couple, apprendre à faire confiance à un partenaire amoureux, relève du défi.

Il rentrait de voyage deux jours avant notre rencontre. Il était allé loin dans les Andes avec l’envie de visiter les légendaires cités incas. Sa sœur Lisa dessine des caricatures pour un journal féministe de son université. Et la fameuse caricature au sujet de cette ministre, qui avait tant fait rire ma mère, était un dessin de Joëlle, ma chère belle-sœur.

Avec cela, si l’on me dit qu’Evan et moi n’étions pas destinés à nous rencontrer, je répondrai que l’univers a comploté pour que nous soyons là, cette nuit, tous les deux, dans les bras l’un de l’autre, dans une chambre d’hôtel, à l’autre bout du monde, en Malaisie !

 

 

©Edna Marysca MEREY-APINDA

 

~~~~ Défi du jour : Écrire une histoire avec les mots suivants : Bengale, légendaire, annoncer, caricature, vierge, armure. ~~~~

 

Défi lancé par le blog de Madame Kea Ring

https://madamekearing.com/2020/10/23/defi30joursecriture-n2-defi-n23/?fbclid=IwAR1WrIhG0IeKwoZcokd2HeZFpIAhMHAVvP4cpJl43qKchTD6CZb8Ny4xcos

 

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